Stockholm est un grand allié de l’Ukraine depuis le début du conflit qui l’oppose à la Russie, il y a bientôt 3 ans. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était donc présent lors de la conférence pour exprimer toute sa gratitude à l’égard de la solidarité de la société suédoise envers l’Ukraine.
Cependant, les représentants du gouvernement et de l’armée suédois se sont livrés à des propos assez alarmants.
Tobias Billström, le ministre des Affaires étrangères, a souligné que la Russie constituait une menace sérieuse : “Nous devons être réalistes et nous préparer à une confrontation à long terme”.
Quant au ministre de la Défense civile, Carl-Oskar Bohlin, il a indiqué : "Beaucoup l’ont dit avant moi, mais laissez-moi le dire avec la force de mon poste : il pourrait y avoir une guerre en Suède."
L’ambition des ministres suédois semble claire : inciter la population à se préparer à une éventuelle invasion russe.
Selon Cyril Coulet, ancien chercheur à l'Institut suédois de relations internationales, et interrogé par le média Marianne, la Suède peut se sentir menacée par la Russie de par le fait qu’elles partagent toutes deux le même environnement géographique. La région de Saint-Pétesbourg est à proximité de la mer Baltique, et la Suède se trouve non loin de l'enclave de Kaliningrad (appartenant à la Russie). De ce fait, l'armée russe s’introduit souvent dans l'espace aérien et maritime de la Suède.
Inexorablement, les propos tenus par les représentants et autorités suédois ont suscité une grande inquiétude auprès de la population.
C’est pourquoi, aux yeux de l’opposition, le gouvernement a pour but de détourner l’attention des suédois des problèmes que rencontre la société suédoise à l’heure actuelle.
Les pratiques de consommation des suèdois sont d’ailleurs le reflet de son inquiétude depuis quelques jours. Les ventes de radios portables d’urgence ont incroyablement augmenté, ainsi que les réchauds à gaz, ou encore les jerrycans. Mais également les bouteilles d’eau, et les provisions de nourriture… Cette peur est par ailleurs accentuée par les médias, qui donnent des conseils de survie. Enfin, la ligne téléphonique d'urgence a enregistré un triste record d’appels d’enfants, inquiets à l’idée qu’une guerre éclate prochainement.
À Sälen, Tobias Billström a anticipé que l’adhésion du pays à l’OTAN, qui a déposé sa candidature le 18 mai 2022, serait un bouleversement dans la stratégie géopolitique de la Suède. L’instauration d’un climat de tension au sein du pays est d’ailleurs notoire depuis 2022. Le pays qui a pratiqué le non-alignement militaire depuis la fin des campagnes de Napoléon en Europe se remilitarise : en matière de défense, les dépenses nationales ont augmenté de 40%. Toutefois, la Suède n’est pas réellement protégée, n’ayant pas encore adhéré à l’OTAN, en partie à cause du veto de la Turquie, et de la réticence de la Hongrie.
Le sénateur russe Alexei Pushkov a répondu face à l’inquiétude suédoise qu’il s’agissait plutôt d’une paranoïa : « C'est ainsi qu’ils essaient de donner à la Suède une importance géopolitique qu’elle n’a pas. Il semble parfois que certains militaires suédois, ainsi que des journalistes, rêvent presque de la guerre ».
Un conflit armé qui opposerait ces deux pays ne semble donc pas si impensable.
Mais face au doute que laisse planer Moscou, ainsi qu’à l’amplitude de la panique générale, l’ancienne Première ministre suédoise Magdalena Andersson s’est montrée rassurante : "Ce n’est pas comme si la guerre était juste derrière notre porte".
Sources : Euractiv, RTBF, La Tribune, Franceinfo, Marianne, TF1
Crédits photo : Chaîne Youtube officielle de Folk och Försvar. “Pål Jonson (Ministre de la Défense, à gauche) et Carl-Oskar Bohlin (Ministre de la Défense civile, à droite), le 9 janvier 2023, lors de la conférence Folk och Försvar”