L’île de Taïwan subit depuis le XVIIe siècle les ambitions expansionnistes de l’empire chinois. Tout d’abord, c’est la dynastie des Qings qui en prend le contrôle jusqu’à la première guerre sino-japonaise. En 1945, la Chine reprend le contrôle de Taïwan mais une guerre civile secoue l’empire chinois. Deux personnalités politiques s’opposent, Tchang Kai-Check le représentant du parti majoritaire et Mao Zedong le créateur du parti communiste. L’historicité de la Chine atteste des répercussions de cette guerre civile. D’une part, avec la proclamation de la République populaire de Chine par le dirigeant du parti communiste. D’autre part, la fuite de Tchang Kai-Check à Taïwan va amener à la création de la République de Chine en réponse à sa défaite.
Au milieu du XXème siècle, la scène internationale compte deux États de Chine, la Chine continentale et la Chine maritime, mais cette ambivalence n’est que de courte durée.
L’État taïwanais va perdre une forte influence diplomatique lorsque la Chine récupère leur siège au Conseil de sécurité de l’ONU en 1971. Cela pousse la scène internationale à ne pas reconnaître Taïwan comme un état indépendant et autonome. Cette perte s’explique par la montée fulgurante de la Chine dans les géants économiques menant le président des États -Unis, Jimmy Carter, à entretenir des relations étroites avec ce dernier, laissant Taïwan dans l’ombre.
La Chine considère encore aujourd'hui Taïwan comme sa vingt-troisième province et propose à cette dernière la solution “un pays, deux systèmes”. Cette solution reviendrait pour Taïwan à se soumettre à l’autorité chinoise tout en gardant son fonctionnement. Celle-ci n’est pas acceptable pour les dirigeants taïwanais tels que la précédente présidente Tsai Ing-Wen qui est surnommée “la bête noire de Pékin” en raison de sa profonde opposition à la République populaire de Chine et sa politique d’assimilation.
D’un point de vue industriel, l'île de Taïwan tente de se faire une place, que ce soit lors de la période du Covid avec la production massive de masques ou encore avec la production des semi-conducteurs devenus indispensables dans l'assemblage des nouvelles technologies. Malgré ces productions, la Chine rompt cette tentative d’indépendance par sa politique dissuasive.
Grâce à cela, l’entreprise de relations avec les deux États devient impossible et rend l’entretien de liens avec l'île handicapant pour les autres États si on prend en compte le poids économique qu’incarne la Chine. Face à cela, seuls quatorze États considèrent Taïwan comme un État indépendant et autonome, comme le Guatemala ou encore le Japon. La Chine considère Taïwan comme une menace, alimentant des tensions croissantes.
Les tensions entre les deux États ne s’affaiblissent guère, ce qui laisse à penser qu’un nouveau conflit pourrait prochainement éclater. Sur le continent asiatique, Taïwan se présente comme le voisin opposé de la Chine. En effet, le pays vit dans une démocratie depuis 1990 et se place comme la huitième démocratie la plus performante. Autre enjeu et pas des moindres, le rapprochement des autorités américaines sur la cause taïwanaise avec le futur ex-président Joe Biden.
La politique étrangère de celui-ci garantit à Taïwan une protection en cas d’attaque chinoise et entreprend des relations économiques malgré des liens avec la Chine. Ce retournement de politique s’explique par le danger que représente l’île aux yeux de la Chine, les Américains voient une position idéale pour entourer leur rival en l’ajoutant comme alliée et ainsi continuer la pression qu’ils exercent sur la Chine. La Chine se retrouverait encerclée d’alliés américains avec le Japon, la Corée du Sud et Taïwan. Face à cette boucle démocratique, la Chine se met en mode défensive et multiplie les provocations militaires.
Cette situation pousse les analystes à envisager un conflit potentiel, impliquant la Chine, Taïwan, les États-Unis et leurs alliés asiatiques.Ce conflit, qui se traduirait par un envahissement de ce que considère la Chine comme sa vingt-troisième province, reste difficile à entreprendre pour ce dernier. En effet, l'envahissement de Taïwan serait une prouesse militaire encore jamais réussie, les deux États séparés par un détroit demanderaient à l’armée chinoise d’être rapide et forte.
De plus, la potentielle présence des États-Unis rend cet attaque plus périlleuse qu’elle ne l’est. Malgré tout, la protection garantie par Joe Biden reste flou, on ne sait si elle se ferait par une armée sur le territoire ou simplement par le fournissement d’armes.
Enfin, la Chine n’a pas réellement entamé d’attaques directes envers Taïwan et s’est contentée de provoquer de la terreur. Le lundi 14 octobre, Xi Jinping lance un exercice militaire en réponse au discours du nouveau président taïwanais Lai Ching-Te affirmant que son pays doit résister à l’annexion de la Chine. Face aux provocations démocratiques de Taïwan, la Chine répond avec son pouvoir militaire. En revanche, les tensions ne cessent d'être bouleversées que ce soit par la place émergente de Taïwan au sein d’états autonomes et indépendants mais aussi par la réélection de Donald Trump aux Etats-Unis, lui qui promeut le nationalisme. Il est évident que ce dernier va rompre cette politique et mettre en place un protectionnisme, l’objectif de Donald Trump pour son second mandat est d’entrer le moins possible dans des conflits internationaux et se centrer sur les intérêts de son pays.
Ces tensions prendront-ils un tournant en vue d’un retrait futur de l’allié américain?
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